четверг, 7 мая 2015 г.

Improvisation en cours



En passant devant la galerie de M.Pinchon, M.Gothier écoutait sa femme parler d'une des filles de sa sœur qui voulait devenir danseuse. Mme Gothier marchait vite comme d'habitude, mais M.Gothier a ralenti le pas, peut-être même inconsciemment. Il passait souvent devant cette vitrine, en retrant le soir de son bureau, même si ce n'était pas le chemin le plus court. Mme Gothier a senti que son époux s'arrêtait. Elle l'a regardé et a demandé si tout allait bien. Il a hoché la tête sans dire un mot. Mais il n'a pas pu se retenir de jeter un coup d'œil sur les tableaux qu'il voyait chaque jour. Mme Gothier a aussi tourné la tête vers la galerie. En continuant toujours de parler de sa nièce, elle parcourait les tableaux exposés sur la vitrine. Celui qui se trouvait juste en face d'elle maintenant présentait une danseuse de cabaret qui était sur scène sous le regard d'une foule de jeunes hommes très vifs. Un autre tableau à droite présentait une autre danseuse, mais déjà dans sa loge, toute nue. Quelle honte! C'est ce qu'on appelle l'art! M.Gothier restait muet. Il n'entendait plus sa femme qui parlait beaucoup, sans pause, sans même demander son avis. Il cherchait des yeux son tableau préféré, mais il ne le voyait plus dans la galerie. Il l'a perdue. Il ne la verra plus. Allez, on est en retard. Il n'y a rien à voir ici. Ils ont repris la route. Mme Gothier parlait d'une autre fille de sa sœur qui devait épouser un jeune homme très riche et très noble. Quelle bonheur! M.Gothier restait silencieux. Il ne la verra plus.


Écrit pendant le cours de français le 7 mai d'après la photo de Robert Doisneau.